C'est un beau jour pour mourir

Le discours de Gortal Lua Rondliv ne sembla pas avoir d'effet, du moins rien qui fut notable. Un Réprouvé dans la foule cria un mot haineux qui ne reçu aucun écho. L'individu disparu rapidement derrière la masse de muscles d'un autre Réprouvé. Une grande blonde glaciale se joignit au duo et ordonna sèchement au fauteur de trouble de se taire. L'homme cracha à aux pieds de la chef de bande et s'en alla, plein de mépris mais pas assez fou pour provoquer un affrontement direct.

D'autres altercations du même genre eurent lieu sur la place. Les chef de bande et leurs lieutenants durent se montrer inflexibles, mais aucune bagarre n'éclata à cause des Réprouvés.

En revanche, un mot déplacé, une réponse agressive… il n'en fallut pas plus pour qu'un moissonneur frappe un artisan. Les deux hommes échangèrent quelques coups avant que le moissonneur ne tombe par terre. Des gardes surgirent aussitôt pour mettre fin à l'affrontement. Ils dispersèrent l'attroupement qui s'était formé autour et encouragèrent la foule à s'en retourner à ses occupations. Le spectacle était fini.

Un homme, non loin, s'appuyait lourdement sur une canne en regardant le spectacle d'un œil triste. Le moissonneur se relevait douloureusement, aidé par sa sœur, tandis que l'artisan s'en allait sans un regard de plus pour son adversaire. Earl Printess, soutenu par sa canne, s'approcha en claudiquant de la famille Onevin. Bern se massait la mâchoire sous le regard désapprobateur de sa mère. Le verrier s'inclina devant la veuve en signe de respect et échangea quelques mots avec la famille en deuil. Finalement, ils quittèrent la place ensemble.

Plus loin, Jayah aidait son chef à transporter un Lokis inconscient. Il avait passé l'un des bras de Lokis derrière sa nuque et le tenait fermement, stabilisant son corps en le tenant également par la taille. Les gardes les laissèrent faire sans intervenir, bien que les regards soient peu amènent. Ainsi, Lokis fut rapatrié au Château.

La jeune femme qui avait perdu connaissance fut quant à elle secouru par un garde qui, obéissant à son supérieur, prit les mesures pour la ramener à l'office de la Maison de la Garde. Juilan avait capté le message de la médium. Inquiet, il quitta son poste pour se diriger aussitôt vers l'endroit où il pensait pouvoir la trouver. Son travail était fini, de toute façon. En passant, il frôla Nil et lui délivra dans un murmure un message qui pouvait être sibyllin pour des oreilles profanes, mais limpide pour qui en possédait le code. Nil encaissa le choc sans rien montrer. Il ne pouvait pas se précipiter vers Indis sans raison, cela aurait posé des questions. Même si on saurait bientôt quel lien les unissait, Nil n'était pas sensé deviner que sa fiancée venait de perdre conscience. Un homme du peuple comme Juilan serait plus discret que le noble. C'est donc le médium qui rejoignit le garde et l'accompagna jusqu'à l'office où il veilla sur Indis jusqu'à son réveil.

Sur l'estrade, on débarrassa au plus vite le corps sans vie de Gaal. L'Autorité ne tarda pas non plus à quitter la scène. Plus lentement et avec dignité, les cinq dirigeants descendirent, escortés de très près par leur garde rapprochée. Ils ne regagnèrent pas la tour mais leurs voitures personnelles, frappées aux armes de leurs familles, qui les ramenèrent au Palais de l'Autorité.

La Garde demeura présente sur la place. Les hommes et les femmes d'arme resteraient présents jusqu'à ce que l'endroit soit pleinement sécurisé.

Et au milieu de cette place, parmi les quelques badauds restant, un garde rencontrait des difficultés avec une citoyenne enceinte armée d'un canard.

MJ: